LE DEPART - LA TRAVERSEE DU CANAL
Les départs se faisaient au Précheur, du lieu dit
Ils se faisaient aussi de l’Anse Céron, une plage excentrée, à quelques kilomètres du bourg. Messieurs BAUDE et PAIN sont partis de là.
Carte du nord de la Martinique localisant les lieux de départ
La St-PIerre et Anse Céron au Prêcheur et Grand-Rivière
(extrait vidéo de Mme MAITREL) (La Saint-Pierre)
Voici comment Mr PAIN a vécu son départ :
« Le matin, le patron pêcheur a équipé son canot, un gommier, comme pour aller à la pêche, avec rames, voile, agrêts et matériel de pêche (hameçons et lignes) afin de se justifier auprès des autorités s’il était arrêté au retour de
Le soir, avec le patron et son matelot, nous avons quitté le Prêcheur à pied et regagné l’Anse Céron.
Mais, au moment où on s’apprêtait à mettre l’embarcation à l’eau, on a aperçu la puissante lumière du projecteur du patrouilleur le Barfleur qui balayait la côte. Nous nous sommes cachés dans les bois proches et avons attendu. Quand le Barfleur fit route vers Saint-Pierre et Fort-de-France, nous avons poussé le canot à l’eau et embarqué : il était minuit trente.»
Sous-bois de l'Anse Céron, la végétation permettait aux
dissidents de se cacher.
A Grand-Rivière, les pêcheurs embarquaient parfois les dissidents à la crique de Fond-Potiche avant le bourg ou bien sur la plage du bourg, cela dépendait de la surveillance des douaniers.
Comment se passait la traversée du Canal ?
Le voyage durait toute la nuit. Mr BAUDE parle d’un cauchemar car il y avait mauvais temps et qu’il a du écoper toute la nuit.
Mr HELENON nous a raconté qu’il n’a jamais eu aussi peur de sa vie : il est resté agrippé à la banquette en bois du gommier (tot) pendant toute la traversée. Il était tellement ankylosé et pétrifié par ce qu’il avait vécu qu’on a dû le sortir du canot et le transporter à terre, accroché à son banc.
Il faut se souvenir que si le gommier a l’avantage d’être léger et très maniable, il a l’inconvénient d’être dépourvu de quille et est donc assez instable sur l'eau ; il est par conséquent très sensible à la houle. De plus, il n’est pas ponté : aussi, les passagers voyagent à l’air libre, sans protection des embruns et des paquets d’eau de mer.