Le site dédié au Concours Résistance et Déportation 05/06 du Lycée Professionnel SAINT-JAMES
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i - Traversée : témoignages (2.4 - Contribution des ruraux au départ)
La traversée des canaux a fortement marqué et éprouvé les dissidents. C’est pourquoi, Lucien ABENON écrit dans "Les dissidents des Antilles" P.50-51 :
« Certains avancent même que ce voyage a été pour eux la plus grande épreuve de la dissidence et que jamais, ils n'ont eu aussi peur sous les bombardements ennemis. [...]" (voir les particularités des canaux)
[...] "Autre élément qu'il ne faut pas négliger, la plupart de ceux qui sont partis ne connaissaient pas la mer, n'en avaient pas l'habitude. Cela pourrait surprendre chez des insulaires qui avaient la mer continuellement sous les yeux. En fait beaucoup ignoraient la manoeuvre d'un bateau et un grand nombre ne savaient pas nager.
[...] Il fallait ajouter une autre donnée non moins redoutable, qui était simplement la nuit. Le jour les chose revêtent un aspect normal, que l'on peut apprécier presque immédiatement. La nuit, la plus petite chose peut prendre des allures effrayantes, le moindre danger paraître insurmontable. [...] Affronter l'océan pendant une nuit sans lune était une véritable épreuve de vérité. Une épreuve d'autant plus ressentie que la plupart d'entre eux avaient connu des faux départs, des marches dans la nuit, des cachettes improvisées pour échapper aux patrouilles et aux dénonciateurs. Cela explique d'ailleurs qu'un certain nombre se décourageait au dernier moment et reconçait à partir." [C'était un voyage qui durait de 3 heures 30 à 4 heures de Grand-Rivière par beau temps ventilé à 14 voire 15 heures d'autres points de l'île.] L'un d'entre eux raconte que sa barque se trouva prise au milieu des ébats d'une bande de souffleurs (sorte de baleines qui fréquentent la mer des Antilles). La vue de ces mastodontes, leur proximité, leur souffle, leurs évolutions sous-marines lui causèrent la plus grande frayeur de son existence.
Le grand frère de Marcelle LISLET (cf. "Parcours de dissidents"), parti avant elle en dissidence, n'a pas supporté la traversée, est tombé malade (pneumonie) et est mort en Dominique.
L'Île de la Dominique, vue de la plage de l'Anse Céron par beau temps.
(Mme MAITREL raconte les conditions de traversée)
Voici le témoignage de M. PAIN :
M. PAIN se souvient d’une mer démontée : il fallait écoper sans cesse l’eau de mer à l’aide d’une bassine, et JORITE Paul, l’aîné des frères, a été malade durant toute la traversée (vomissements). Ce dissident rappelle qu'ils sont des gens de la campagne et que même s’il savait nager parce qu’il s’entraînait le dimanche à Saint-pierre, il a eu peur car il connaissait la mauvaise réputation du canal de la Dominique et que la navigation de nuit est angoissante. A cela s’ajoutait la méfiance envers le pêcheur, car il y avait des rumeurs de noyades volontaires par des passeurs peu scrupuleux. M. PAIN rapporte qu’il avait dans sa poche le révolver de son oncle et qu’il était prêt à s’en servir à la moindre alerte. Finalement, tout se passa bien et le pêcheur avait même pensé à amener des vivres et de l’eau : ils ont mangé des patates douces bouillies.
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